Projet "Pé-Ruche"

Qui voudrait payer de ses poches 2500$ afin de passer 2 semaines dans des conditions de pauvreté, où les routes sont en terre battues, où les toilettes n’ont pas de chasse, où les douches sont des poubelles d’eau et où les insectes cohabitent de près avec les humains? Pourtant, déjà une trentaine de jeunes l’ont fait. Volontairement. Et une douzaine d’autres s’apprêtent à le faire encore cette année.

Mais qu’est-ce qui les pousse à payer un tel montant pour sortir de leur zone de confort? Qu’est-ce qui les pousse à travailler dur, un an durant, pour qu’en retour, ils ne passent qu’un séjour dans des conditions inférieures aux nôtres? Qu’est-ce qui pousse les jeunes de l’école secondaire de la Ruche à s’impliquer à part entière dans le projet «Pé-Ruche»?

C’est simple, ces jeunes cherchent à comprendre et apprendre une nouvelle façon de vivre. Ils cherchent à connaître une réalité différente de la nôtre. Au travers des dizaines de campagnes de financements, des cours d’espagnol à chaque semaine et des rencontres sociales, ils tentent de créer un lien unique qui leur permettra d’affronter ensemble le dépaysement qu’ils vivront au Pérou.

À Pucallpa, région de la jungle Péruvienne, ils sont adoptés, en groupe de deux, par une famille péruvienne de classe moyenne (ce qui équivaut ici aux gens de la classe défavorisée), et ils sont jumelés avec un jeune de la famille. Chaque stagiaire est considéré comme le fils ou la fille des parents, qu’il considérera à son tour comme son père et sa mère. Il vit comme un vrai Péruvien, est soumis aux règles de la famille, mange leur repas et s’imprègne de leur quotidien.

Ce n’est pas un voyage humanitaire. C’est un voyage de solidarité, où tout est un prétexte pour entrer en contact avec les Péruviens, les côtoyer et les connaître. Pendant dix jours, ils apprendront comment vivent des gens qui ne possèdent rien d’autre que les valeurs humaines. Des gens qui n’ont pas nécessairement un foyer confortable. En fait, ils ont ce qu’on pourrait qualifier “d’essentiel” ou de “vital”. Ils ont les uns et les autres.

Nos jeunes découvrent la joie et le bien-être qu’apporte ce mode de vie. Dans leur différent chantier de stage, où ils font du bénévolat durant la semaine, que ce soit à l’orphelinat, à l’école pour les jeunes de la rue, à la cuisine populaire ou à l’hôpital de la ville, les stagiaires finissent par s’attacher à cette façon de vivre qui n’est pas la leur. Ils finissent par envier un monde moins matérialiste. Et ils finissent par se rendre compte que CE peuple a compris un élément fondamental: les relations humaines sont ce qu’il y a de plus important.

Puis, ils quittent ce petit village. Ils quittent mère, père, sœurs et frères. Le déchirement est aussi intense que lorsqu’on quitte un membre de sa famille en sachant que les chances de le revoir un jour sont minimes. Heureusement, ils peuvent garder contact avec leur deuxième famille. Faire en sorte que jamais le lien ne se brise.

Le choc culturel de cette expérience frappe alors que les stagiaires débutent la partie touristique de leur voyage. Après 10 jours en famille, ils passent deux jours à se promener d’hôtel en hôtel, d’attraction touristique à attraction touristique. Ils découvrent la partie du pays qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Canada. Ils découvrent Lima, une ville aussi développée que Montréal.

C’est à ce moment-là que les jeunes prennent conscience de l’absurdité de la situation. Ils sont dans des hôtels en train de découvrir les merveilles d’un pays que ses propres habitants n’auront jamais la chance de découvrir. Ils vivent un luxe que le peuple ne pourra jamais se permettre. Et par le fait même, ils découvrent que bon nombre d’entre eux, habitant une ville touristique aussi développée que Montréal, ont perdu de vue “l’essentiel”. Tout comme nous.

Il n’est pas nécessaire de partir en voyage pour vivre la solidarité. L’objectif ultime du projet est d’offrir à toute l’école la possibilité de vivre un projet de solidarité internationale. Tous les stagiaires qui ont vécu cette expérience bouleversante se doivent de contaminer tous les autres. Ils deviennent le moteur du mouvement de solidarité internationale qui prend tranquillement expansion dans l’école.

Car un jour, l’école pourrait faire un pas de plus et adopter solidairement la ville de Pucallpa. Les jeunes de La Ruche seraient alors plus sensibilisés à la réalité des Péruviens. Ils réaliseraient à quel point ce peuple est riche en valeurs et en relations humaines.

Par Stéphanie Toutant-Paradis

 

 

 

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